Droit à la caricature : liberté d'expression et portée politique - Partie 2 | Détermination, j’écris ton nom
Nougatine de Nevers #22
Hello !
L’autre soir, il y avait des dizaines, des centaines de vélos dans les rues de Paris. On patientait en rangs d’oignons aux feux, comme des voitures, comique non ?
J’adore l’été, la fraîcheur des jardins, des odeurs de chaud mêlés aux effluves de fleurs encore perceptibles. Le début de la saison porte cette étrange légèreté du carcan de l’hiver qui s’en va.
Viens avec moi dans ce numéro :
Droit à la caricature : liberté d'expression et portée politique - Partie 2
Détermination, j’écris ton nom
Une sombre histoire de chiffres
🖌️ Droit à la caricature : liberté d'expression et portée politique - Partie 2
On a vu semaine dernière que la caricature consister à faire rire aux dépens d'autrui, à attaquer une personne pour en critiquer les idées, et à jouer sur l'amour-propre du caricaturé et sa fonction parfois magistrale. C'est pourquoi, il est fréquent de voir des caricatures viser la sphère politique, et les décisions de tribunaux ne démentent pas ce fait !
Evolution au fil de l'histoire
Dans l'Histoire de France, les caricatures ont clairement plus été protégées par les régimes républicains. Comme la caricature moque les positions même de pouvoir, les périodes d'absolutisme réprimandent lourdement les caricaturistes. Car la caricature doit conquérir le célèbre ordre public pour affirmer sa liberté. C'est à la Révolution française, et avec la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen, que la caricature fait boum. Mais les caricaturistes sont condamnés, comme les dessins de Philipon qui se moquaient allègrement du physique des personnages royaux, en les faisant fondre comme des poires.
Chahuter le pouvoir
"certes le droit libre de discussion appartient à tout citoyen [...] et qu'il est conforme à celle-ci d'étendre l'exercice de cette liberté publique à la discussion des actes politiques du président de la république ; Mais attendu que ce libre exercice s'arrête là où commence l'offense au chef de l'Etat" !
A ton avis, de quand date cet arrêt de la Cour de cassation ? Dans cet arrêt, De Gaulle faisait l'objet d'un photo montage, et le dénonçait pour l'avoir dépeint en "animal grotesque et ridicule", De 1966, et tu peux le lire intégralement ici.
C'est sur le fondement de l'offense que la caricature est alors sanctionnée, pour des motifs (on le voit) très légers, et surtout très autoritaires. Ce n'est pas surprenant au vu du personnage providentiel que De Gaulle cultive.
La caricature chahute le pouvoir mais se fait rabrouer par la jurisprudence, dont le vent tourne avec les régimes politiques.
Pourtant, certains pays entament des poursuites au motif d'insulte à l'Etat et aux autorités militaires. En 2000 de nombreux journalistes liés au journal turc Özgür Gündem ont été agressés, menacés, et tués, suivis d'un procès contre le journal au motif que la parution de divers articles était constitutive d'infractions comme publier des documents insultant la nation ou incitant à la haine et à l'hostilité sur la base de l'appartenance à une race, une région ou une classe sociale. Au total, 486 éditions du journal sur 580 ont donné lieu à des poursuites. La CEDH considère que "la position dominante occupée par les autorités de l'Etat leur commande de témoigner de retenue dans l'usage de la voie pénale. Les autorités d'un Etat démocratique doivent tolérer la critique, lors même qu'elle peut être considérée comme provocatrice ou insultante."
"La Cour rappelle l'importance cruciale de la liberté d'expression, qui constitue l'une des conditions préalables au bon fonctionnement de la démocratie". C'est ce qu'on va développer dans la dernière partie.
Une condition sine qua non de la démocratie
La démocratie, c'est la conviction que chacun d'entre nous est égal, et qu'à ce titre les gouvernants ne doivent plus être traités comme les rois autrefois. On l'a vu semaine dernière, la caricature n'est pas vraiment réglementée par des textes, elle est plutôt portée par des jurisprudences. La Cour Européenne des droit de l'Homme (CEDH) défend avec ferveur la liberté d'expression.
Dans un arrêt de 1976, elle affirme la protection de toutes les idées et informations, que celles-ci suscitent ou non l'adhésion, qu'elles heurtent ou qu'elles plaisent. Car selon la CEDH, "La liberté d'expression constitue l'un des fondements essentiels de pareille société, l'une des conditions primordiales de son progrès et de l'épanouissement de chacun". Elle poursuit : "Ainsi le veulent le pluralisme, la tolérance et l'esprit d'ouverture sans lesquels il n'est pas de "société démocratique". Il en découle notamment que toute "formalité", "condition", "restriction" ou "sanction" imposée en la matière doit être proportionnée au but légitime poursuivi".
C'est là à mon sens un point commun entre la caricature et le droit : ils doivent être appréciés dans un contexte social avec des objectifs précis de progrès, et également ils participent à l'évolution de ce contexte, aux progrès.
La réaction aux caricatures et les débats autour d'elle sont un thermomètre de la démocratie et de l'ouverture aux idées et aux cultures. Qu'en penses-tu ? Tu m'envoies un caricature que tu aimes bien ?
💪 Détermination, j’écris ton nom
Je crois très fort en le pouvoir de la détermination, dans le fait d'aller au fond des projets.
Se dépasser, un entrainement
La détermination qu'est-ce qui permet de se dépasser, de progresser, de croire en soi. C'est se répéter des milliers de fois "je vais y arriver", dans les moments où on y croit et dans ceux où on y croit plus du tout. Comme un joueur de tennis mené 5-0. Et comme un joueur de tennis, il faut s'entraîner.
La détermination c'est deux choses :
le choix et la poursuite d'un projet ambitieux, hors de sa zone de confort, qui par essence va demander de se surpasser
les moments de dépassement effectifs, avec des actions répétées, améliorées, même après des chutes, des galères et des mises en doute.
La récompense ?
Mais pourquoi on fait ça ? Quelle est la récompense ? L'immense sentiment de satisfaction, l'incroyable fierté d'être arrivé au bout de l'effort. Cette libération est à peine descriptible. Boucler cette newsletter, tous les lundis, avant minuit, c'est un énorme challenge pour moi (et franchement pas accompli toutes les fois). Alors oui quand mes colocs se font un super barbecue dans notre jardin, et que moi je reste enfermée dans ma chambre c'est clairement la détermination qui joue. Je reste dans mon jus, je lis des articles, je réfléchis, je marche dans ma chambre, jusqu'à ce que les idées viennent, qu'elles me coulent à toute vitesse sous les doigts. Et là, c'est un grand bonheur, cette libération.
Je suis heureuse d’entraîner cette détermination de produire du contenu de stimuler ma création et de nourrir ce lien extraordinaire avec toi.
Et toi quels sont les derniers projet dans lesquels tu as montré toute ta détermination ?
🔢 Une sombre histoire de chiffres
Les chiffres ne mentent pas y’a que les menteurs qui chiffrent.
Je la trouve marrante cette citation. Une sacrée arme pour apporter du pragmatisme dans les débats et se recentrer soi-même sur les faits et non les oui-dire.